C'est quoi ce trou? On va vraiment vivre dans une cage à lapin?
Atwon lui en voulait. Il en voulait à son père d'être un minable. Incapable de garder un boulot, incapable de plaire à son patron. C'était les mots qui sortaient de la bouche de sa mère. Faut surtout avoir aucune honte a lécher le cul des plus haut gradés. Y a que comme ca qu'on peut s'en sortir. Mais lui, son père, il savait pas faire ça. Il ne disait rien, aucune opinion. Il se contenter de ramener le fric a la maison. De faire vivre une famille de deux enfants, d'une mère qui ne travaille pas, mais qui veut absolument porter Prada ou Dior sur le dos. Elle l'a eut sa belle vie de femme entretenue. Vingt ans de mariage, une maison, une putain de belle baraque ouais, deux mioches qu'elle se sens obligée de faire garder par une baby-sitter pour avoir ses journées tranquilles. Cette fois c'était foutue. Viré, faut tout lâcher. Tout vendre. Plus de pognon. Alors quoi? De proprio on passe a Locataire. Quelle honte. Tout le monde les regarde, on les montre du doigts, les messes basses a deux mètre d'eux, les rires, les moqueries. " Pour qui elle se prend ? " "C'est domage pour le vieux Mcbride, mais c'est bien fait pour cette vieille peau. " " Ca peut pas lui faire de mal, ca lui apprendra la vie! " Seulement, elle n'est pas seule. Elle a deux gosses. Et ce vieux McBride, parlons en... Après s'être fait virer et avoir trouver l'appartement sans doute le plus petit de Los Angeles. Non, de la banlieue de Los Angeles, il s'est pendu. Par Lâcheté? Peur d'assumer? Honte? Aucune lettre d'adieux, aucun souvenir, aucun signe. Il est parti, sans rien dire.
Sacré coup dur. Vinrent les regrets. Il était pas si mal le père après tout. Il manque, il leur manque. Il laissa derrière lui tout juste assez pour bouffer pendant un mois. C'est qu'elle va devoir se mettre au travaille la mère. Alors elle cherche, seulement, aucune expérience, aucun diplôme, rien. Un sale type, un peu crade, aux allures perverses l'accoste. Elle est pas obligée, mais elle le fait quand même. Après tout, ca rapporte du fric. Et même si ses gosses la font vraiment chier, elle les aime au fond. Elle peut pas les laisser comme ca. C'est la descente aux enfers. Ils savent rien. Atwon passe son temps dans la chambre qu'il partage avec son petit frère. Ils sortent pas. Ils disent que les gosses de leurs âges font peurs. On se fou de leur gueule. On leur jette des cailloux. A l'école, c'est les fils de riches qui n'ont rien a foutre ici. Qu'ils dégagent.
Les beaux jours reviennent. L'été est même déjà là, ca passe vite quand même. Presque un an, un an qu'il vit dans ce quartier pourris. Qu'il a le ventre vide a chaque fois qu'il se couche. C'est la merde. La mère rentre de plus en plus tard. Elle dit qu'ils ont besoin d'elle au boulot. Que comme ca, ils auront plus de tunes. Ça c'était carrément clair. Elle en avait de la tune. Elle baisait tellement. A croire qu'elle aimait ca. Un jour, alors que Atwon rentre de l'école, il se retrouve à la rue. Pas moyen de rentrer chez lui. Il savait pas où son frère était. Et sa mère, surement entrain travailler. Pour lui, elle était serveuse. Mais il savait pas où. A dix minutes, mais personnes pouvaient lui dire si c'était dix minutes au Nord, ou dix minutes a l'Est. Elle semblait jamais aller au même endroit. Alors se mis la, sur le trottoir, en tailleur. Il attendait, il regardait les voitures passer. Il voulait une caisse, il voulait pouvoir remonter dans sa vieille BM. Mais la mère, elle avait pas le permis. Elle savait pas conduire. Le père, lui il les emmenait partout. Mais il est plus la. Il manque. Il reçu un cailloux dans le genou. Il leva les yeux, et c'était ce petit mec. Il le connaissait pas, mais il lui foutait les boules. Il en était pas sur, mais il pensait que c'était son voisin. Il avait une baraque encore plus pourrie que la sienne. Atwon se disait que eux, ils avaient été pauvre toute leur vie. Pas comme lui. Mais de toute façon, il reste quoi dans sa tête de sa petite vie posée? Rien, il a quasiment tout oublié. Et ce petit mec, il lui voulait pas de mal. Il avait pas fait exprès. Il s'installa. Atwon était méfiant. Mais vite, il se sentait mieux. Ils se sont moqués l'un de l'autre.
Un pote, un seul pote. Son meilleur pote! Il le quitte plus. Il arrive enfin a trouver un peu sa place dans ce putain de quartier. On le regarde autrement. C'est plus le petit bizu qu'on peut prendre pour taper sur la gueule. Nan, c'est fini. Chuck, lui, il interdit les autres de le toucher. Chuck, tout le monde l'aime bien, c'est un bon petit jeune, il a rien demandé à personne, c'est pas sa faute si il vit dans une maison qui tombe en ruine. Il était tout le temps chez les McBride. Il avait encore plus faim que Atwon. Fallait le faire. Atwon s'en foutait de lui donner sa ration de pain, il savait que le lendemain il en aurait quand même.
Tien, je viens de voir Chuck sortir, il fasait une sale tête. Mais toi aussi, t'as pas l'air d'aller bien. Ca va?
Le frère d'Atwon était devenue un espèce de voyou. Il faisait parti d'un gang et adorait emmerder les vieux de la rue et piquer les sacs des femmes dans le métro. Tout à fait le genre de femme que la mère était avant. Ces femmes qui n'ont que pour bonheur toutes leurs paires de chaussures et leurs sacs à mains. Le frère était devenue haineux. Mais y a pas à dire, c'était un bon frère. La famille avant tout. Il avait pris Chuck comme un deuxième frère. Et la gueule que pouvait tirer Atwon quand il sut la nouvelle. C'était dur. Ca faisait mal. La mort du père de Chuck avait attristé pas mal de famille dans le quartier. C'était un bon gars, tout le monde l'aimait bien. Comme Chuck quoi. Mais le départ. Personne s'y attendait. Surtout pas eux. Les deux inséparables comme on les appelaient ici. Qui aurait pensé que Chuck allait partir le premier. Lui, il était né ici. Atwon, c'était qu'une pièce rapportée. New York, merde... New York. C'est loin. Surtout quand on a pas un rond. Quand on a pas un rond, l'autre bout de la ville, c'est déjà l'autre bout du monde.
C'était en hiver. Il roulait la caisse d'un pote à son frère. Il avait pas le permis, c'est clair. Mais les flics contrôlent personne ici. Ils osent même pas venir. Tout le monde fait ce qu'il veut. Tu vois la jungle? C'est pire! Il l'a vu. Il a vu la mère, monter dans la voiture d'un mec. Un mec carrément plus âgé qu'elle. Mais comment elle était fringuée? Elle portait une jupe, on pouvait limite voir ses poils! Elle était degueu! Atwon sortie de la caisse. Il courrait, et frappait aux vitres de l'autre caisse, une berline, on pouvait dire qu'elle était neuve. Qu'est ce qu'il lui voulait? Atwon se pris en pleine gueule quelques chose du genre " dégages gamin, je vais baiser la " . Premier reflex? Ouvrire la porte et casser la gueule de ce gros dégueulasse. La mère? Il la regardait même pas. Il avait la gueule en sang, mais qu'est ce que ca faisait du bien.
Rentré chez lui, il adressa pas un mot a la mère. Pas un mot au frère. Il voulait pas foutre la merde encore plus. Il savait que si le frère était au courant, c'était fini pour la mère. Il voulait se barrer. Se casser de la. Il avait plus aucun respect pour sa mère. Faire la pute, c'est quoi son délire?
J'en ais ras le cul de vos conneries! Je veux pas vivre dans la misère toute ma vie okay?! Je veux pas finir comme toi! Putin, tu nous faisais croire que papa c'était un mec pitoyable?! Mais toi t'es quoi? T'es rien! C'est toi qui es minables ! Putin, j'voudrais que papa soit la! et que toi, tu sors la haut! J'me casse d'ici !
C'était une chance pour lui. Il avait trouvé une école. On pouvait le former. A quoi? Flic! Ouais, serieux! Il devait quitter son taudit. Il allait être nourris, logé et blanchit. C'était pas le grand amis des flics nan, mais c'était un moyen pour lui de s'en sortir. De changer de vie. Combien de fois il avait pensé à son vieux pote? Son pote, Chuck. Il se demandait comment sa vie était a New York. S'il en avait enfin fini de galérer dans la vie. Il avait une requête une fois qu'il avait son diplôme. Qu'il avait vraiment un taf, il avait demandé à aller n'importe où, mais pas dans son quartier. Il pouvait pas. Ce serait l'horreur pour lui de traquer ses potes. Il avait pas envie de ca. Il avait envie de faire chier personne. Il faisait pas ca pour faire chier.
A 23 ans, on l'envoya dans un petit,commissariat a Santa Clarita. C'était un bon membre, un bon flic. Personne ne pouvait le reconnaitre a Los Angeles. Personne ne vous dirait qu'il s'agit du jeune McBride. Il voit plus la mère. Le frère est derrière les barreaux. Ils ont tous mal fini. Sauf lui. Ça lui fait mal, mais il peut rien faire. Ils auraient pu choisir un autre chemin, ils ont rien voulu savoir. C'était pas rare les fois où Atwon voulait leur ouvrir les yeux. S'en sortir c'est possible. Mais ca se fait pas tout seul.
A Santa Clarita, il avait tout pour être heureux. C'était carrément un nouveau départ pour lui. De fil en aiguille, le jeune McBride commençait a se faire un nom dans le métier. Il devint inspecteur après plusieurs années passées en tant que simple agent. C'était sa putain de vengeance sur la vie. Une putain d'envie d'évoluer, d'aller toujours plus loin. Il était optimiste, il savait qu'il pouvait mieux faire.
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