I. Las Vegas, 21 août 1986, Tayler n'est pas encore née A l’extérieur de la charmante petite villa à la façade rose pâle et à la pelouse parfaitement tondue, un bruit sourd se fit entendre. Un bruit de moteur que l’on connaissait, mais que l’on entendait rarement dans ce petit quartier huppé de Las Vegas, Nevada. Lilly, jeune femme à la longue chevelure de feu trépigna dans sa chambre à l’entente de ce fameux brouhaha, tandis que ses parents, eux, maugréaient dans leurs barbes face à ce malotru qui osait troubler leur quiétude. Après tout, la famille Montgomery était le genre de famille clichée type qui avait juste assez d’argent pour se pâmer devant leurs voisins et qui voulait faire de leur fille unique, leur petite princesse, la digne héritière de leur fortune amassée au fil des années. Alors à vrai dire il était étrange de voir Lilly s’agitait de la sorte dans sa chambre, et encore plus curieux de la voir à présent courir à travers la maison, manquant de peu de renverser un vase posé là. La jeune femme d’à peine vingt ans sortit en trombe de sa demeure se jetant dans les bras d’un homme plus âgé qu’elle, celui-là même qui était responsable de tout ce tapage.
Lui. Grand homme baraqué, sûrement la petite trentaine, barbu et tatoué. Un contraste parfait face à la pureté que représentait Lilly. Mais alors que faisait-elle dans ses bras?! Et bien c’était la question que se posaient incrédules ses parents face à cette scène, qui avaient suivi leur fille à l’extérieur de leur maison.
« - Lilly! Lilly Elizabeth Montgomery, revenez ici IMMEDIATEMENT! »L’homme tira sa fille avec virulence brisant ainsi son étreinte avec l’inconnu qui avait fait tant de bruit en arrivant. La mère un peu plus loin, observait inquiète la scène, détaillant l’inconnu en blouson de cuir, debout à coté de sa moto. Mon Dieu était-ce possible?! Est-ce que Lilly avait bel et bien pu leur faire ça. S’en amouracher d’un motard... d’un HELLS ANGEL! Est-ce que madame Montgomery avait bien lu? Est-ce que sur le blouson du barbu qui venait d’enlacer avec passion sa fille il était bel et bien écrit Hells Angel? Non, elle devait avoir rêvé. Ou alors tout ceci n’était qu’un cauchemar, oui un simple rêve, alors il suffisait qu’elle se pince. Une simple petite pression de ses doigts sur sa peau pâle et délicate et hop, les cris qui éclataient un peu plus loin allaient se taire. Elle ne verrait plus le visage de sa fille déformait par les pleurs et la colère. Elle n’entendrait plus son mari hurlait et n’aurait plus à subir la vision de ce motard bourru qu’elle voyait pour la première fois. Alors la mère pinça son bras, avec vigueur, le plus fort qu’elle le pouvait, marquant sa peau parfaite. Mais au lieu de se réveiller, elle s’effondra sur la pelouse si bien tondue, lourdement.
Le soir, madame Montgomery finit enfin par se réveiller. Le choc avait été tel qu’elle s’était évanouie et n’avait pas semblé très enclin à reprendre conscience pendant toutes ces longues heures. Mais à vrai dire, à voir le visage grave de son mari penché sur elle, elle aurait mieux fait de rester endormie. Elle craignait plus que tout ce qu’allait lui annoncer son époux. Au fond d’elle, elle le savait, après tout, Lilly était sa fille...
« - Ma chérie je suis désolée. Je n’ai rien pu faire. Lilly était partie se coucher, elle s’était calmée. Mais, mais elle n’était plus là quand j’ai voulu aller voir si elle dormait. Il n’y avait que cette lettre. »Monsieur Montgomery quitta la pièce, sans plus aucun mot, laissant derrière lui cette fameuse lettre déposée sur les draps en satin rouge du lit. Tremblante, la femme encore pâle déplia délicatement le papier et commença à lire les lettres rondes et bien dessinées qui caractérisaient l’écriture de Lilly. Elle lutta pour ne pas noyer de ses larmes la feuille qu’elle tenait entre ses mains vacillantes. Les mots étaient emplis de passion et de colère. Passion pour le dénommé John et colère contre ses parents qui ne comprenaient pas l’amour qu’elle portait à cet homme. Une incompréhension qu’elle décrivait comme la cause de sa fuite. Elle se marierait dans quelques mois avec ce motard qu’elle disait tant aimer et elle vivrait avec lui, parcourant les routes à l’arrière de sa moto, ne se souciant plus de rien. Elle crachait désormais sur son éducation trop stricte, elle se foutait de savoir que Henry le voisin aurait été un mari idéal pour elle. Elle prenait sa liberté, quitte à ne plus jamais revoir ses parents. John serait sa famille désormais, et tout le reste ne comptait plus. Oui, il était un Hells Angel, oui son monde n’était pas le sien, et oui il était bien plus âgé qu’elle. Mais malgré tout ça, Lilly affirmait qu’il était l’homme de sa vie et qu’avec lui elle serait heureuse.
Petite sotte encore bien trop naïve...
II. Las Vegas, 18 septembre 1991, Tayler a 4 ans Petite Tayler de 4 ans jouait toute seule dans sa petite chambre avec ses motos miniatures, imitant bruits de moteurs et collisions. Encore si petite, si innocente, elle ne savait pas ce qu’il se tramait à la cuisine entre ses parents. Trop jeune pour savoir que bientôt sa vie changerait du tout au tout.
« - Je te l’ai déjà dit John, je ne supporte plus quand tu disparais comme ça pendant des jours sans que je sache où tu es!- Mais je te l’ai dit et répété Lilly; quand je pars avec les gars il ne faut pas que tu te fasses de souci.- Et ta fille?! Tayler tu y as pensé?! Qu’est-ce que je suis sensée lui dire quand tu ne rentres pas à la maison et que je ne sais pas quand tu reviendras, hein?! "Ne t’inquiètes pas papa fait mumuse avec sa moto avec ses copains et il rentrera bientôt quand il se souviendra de ton existence." »La dispute faisait rage entre le couple, et Lilly avait toutes les peines du monde à ne pas hurler sur son mari. Pourtant elle faisait tout son possible pour parler doucement pour ne pas alerter Tayler, il fallait la protéger malgré tout ce qu’elle ressentait. Lilly ne supportait plus cette vie. Finalement elle n’aurait jamais dû quitter sa famille il y a quatre ans en arrière. Elle s’en mordait les doigts aujourd’hui. Mais que pouvait-elle faire à présent? Elle ne pouvait plus revenir en arrière, rentrer en rampant chez les Montgomery, elle se l’interdisait. Et puis Tayler adorait son père, l’en séparait lui semblait impossible. La jeune femme se sentait perdue. Et après un dernier éclat de voix, elle claqua la porte de la petite maison derrière elle. Elle avait besoin de souffler, de réfléchir et de mettre ses idées à plat. Il fallait qu’elle trouve une solution.
Les heures passèrent, et Lilly ne rentrait toujours pas à la maison. Entre temps, John avait fait manger Tayler et l’avait couchée. La petite dormait paisiblement dans son petit lit, serrant entre ses maigres bras son nounours en peluche borgne. Elle était si mignonne, John était en extase devant l’enfant qui respirait paisiblement. Elle ressemblait tellement à sa mère, la même peau pâle et délicate, les mêmes yeux verts pétillants et cette même chevelure de feu qui ondulait légèrement. C’était à se demander si Lilly ne l’avait pas faite toute seule! Elle n’avait rien de lui. Du moins physiquement, car niveau caractère Ty en était son portrait craché. Une fierté bien mal placée, un désir d’indépendance farouche et une fâcheuse tendance à jurer à tout bout de champ! A cette pensée John rigola silencieusement et referma la porte de la chambre de sa fille. Il alla à son tour se coucher, ne trouvant le sommeil que difficilement.
Il avait vu les heures défiler toute la nuit. N’arrivant jamais à dormir plus d’une vingtaine de minutes. John ne savait toujours pas où se trouvait sa femme. Sa petite Lilly, celle qu’il aimait, mais pour qui il était incapable de changer. Il s’en voulait ce soir, seul dans le noir il se maudissait d’être comme il l’était. Mais un Hells Angel restait un Hells Angel, ça coulait dans ses veines, ça faisait parti de lui. Il pourrait bien faire des efforts, mais jamais il ne serait ce mari parfait auquel Lilly aspirait. Jamais il ne lui offrirait cette même petite maison aux façades rose pâle dans laquelle elle avait grandi... Et malgré toutes ses pensées, jamais John ne se dit que ce qu’ils avaient fait avait été une erreur. Ça aurait été comme dire que Tayler avait été une erreur, et ça, ce n’était pas le cas! Tayler était sa merveille, ce qu’il avait fait de meilleur dans sa vie. Sa petite fille chérie.
6:30; John scruta encore la lumière rouge de son réveil, et décida de se lever enfin. Toujours aucunes traces de Lilly dans leur petite maison. Il soupira en se laissant tomber de tout son poids sur la chaise de la cuisine sa tasse de café fumante à la main. L’absence de sa femme devenait pesante, et commençait à l’inquiéter sérieusement. Mais lorsque la petite Ty arriva encore toute endormie dans la cuisine, toute son inquiétude s’envola. Il sourit à sa fille et alla la recoucher, il était encore bien trop tôt pour elle. Sur le chemin du retour, John remarqua qu’il y avait un message sur le répondeur, bizarre il n’avait pas entendu le téléphone sonner la veille. Machinalement il appuya sur le bouton pour l’écouter. La voix vacillante de Lilly résonna alors dans la maison silencieuse. Elle n’était pas sure d’elle, John l’entendait, et ravalait ses larmes entre chaque mot qu’elle prononçait comme si elle les avait répétés plusieurs fois.
« - John. Je suis désolée. Mais je ne sais plus quoi faire, quoi penser. Je t’aime, et j’aime Tayler. Mais j’ai besoin de temps. De temps pour réfléchir, du temps pour savoir ce que je dois faire. Je vous aime, au revoir. »Le silence qui suivit ce si court message était pesant, si pesant qu’il en vint à écraser la cage thoracique si imposante de John. Il resta scotché pendant une bonne minute. Avait-il compris ce que sa femme venait de lui annoncer? Est-ce qu’elle venait de le quitter? Ou est-ce qu’elle venait juste de lui dire qu’elle reviendrait dans quelques jours? L’homme se trouvait dans le flou le plus total, ne comprenant nullement ce qu’il était en train de lui arriver. Alors qu'allait-il bien pouvoir dire à sa fille qui venait de refaire irruption dans la cuisine son nounours à la main, le regardant de ses grands yeux pleins de questions.
« - Papa, elle est où maman? »III. San Diego, 9 avril 2002, Tayler a 15 ans Mastiquant son chewing-gum telle la vache ruminante contemplant le train passer devant son prés, Tayler semblait passionnée par le cours que donnait son professeur. En réalité comme depuis plusieurs mois déjà, Ty n’attendait plus que la fin des cours pour s’évader de ce collège qui l’oppressait plus que tout. Elle détestait l’école, elle détestait devoir rester assise des heures entière, elle détestait qu’on lui dise ce qu’elle devait faire. En bref, Tayler détestait tout et tout le monde. On la traitait mal depuis qu’elle avait emménagé à San Diego. Et à vrai dire, on l’avait toujours traitée comme de la merde dans chaque ville dans laquelle elle emménagea, et elle en connut beaucoup. Depuis que Lilly n’était plus rentrée à la maison en ce mois de décembre 1991, John n’avait eu de cesse de déménager. C’était comme s’il avait peur que Lilly les retrouve. Elle était partie, il l’avait attendue pendant plus d’un an et puis les déménagements à répétition avaient commencé. Tayler connaissait la plupart des Etats d’Amérique, mais n’avait ni maison, ni racines. Elle n’avait pas non plus d’amis. La vie pour la gamine était rude, mais elle s’y était fait. Et puis John connaissait beaucoup de monde un peu partout aux USA, tous des Hells Angel, bien sûr. Alors Ty était devenue une mini-mascotte de ce monde si spécial. Pas étonnant alors qu’elle soit mise de coté par ses camarades. Certains la craignaient, d’autres lui crachaient dessus sans vergogne la traitant de moins que rien. La rousse était habituée et se foutait bien pas mal de comment on pouvait bien la percevoir, ses seuls amis étaient désormais ceux de son père.
« - Tayler! Alors l’école?- A chier comme d’habitude, mais avec de nouvelles têtes de cons.- Surveille ton langage s’il te plaît.- Ouais... y a pas plutôt quelque chose à faire au garage?- Va voir Robb, il te trouvera bien quelque chose. »Tayler s’exécuta. Comme chaque fin d’après-midi, elle ne ferait pas ses devoirs, préférant bidouiller les carburateurs et autres câblages des motos et des voitures que le garage où travaillait son père devait réparer. Elle était un véritable garçon manqué, préférant le cambouis au mascara. C’était peut être ça aussi qui faisait qu’elle était mise à l’écart. Elle ne mettait que des vêtements d’homme, jurait, crachait, rotait, en bref elle n’avait rien d’une fille, pas même son prénom. Mais même si étant plus jeune cela lui avait fait du mal, elle s’était endurcie et à présent tout lui passait au-dessus de la tête. De toute manière elle finirait par déménager alors elle ne verrait plus ces têtes de cons et ils s’en porteraient tous bien mieux. C’était l’histoire de sa vie, et franchement elle n’avait rien à en redire. Même si au fond un peu plus de stabilité ne lui aurait pas déplu...
IV. Santa Clarita, 10 novembre 2005, Tayler a 18 ans La situation était devenue compliquée depuis quelques semaines déjà. John se doutait de quelque chose, et Tayler n’osait rien lui avouer. Elle sentait son regard peser sur ses frêles épaules chaque jour un peu plus. Mais Samuel lui avait dit de ne rien dire. Il lui avait fait jurer qu’elle n’en lâcherait pas un mot. Parce que de toute manière jamais son père n’aurait accepté leur relation. Sam était un prospect, un petit nouveau, en période de probation pour devenir un Hells Angel en quelque sorte. Alors qu’il sorte avec la fille d’un membre ça ne passerait pas. Tayler sentait que la situation lui échappait peu à peu, elle devait tout avouer à son père. Elle ne lui avait jamais rien caché jusqu’à présent, et lui mentir de la sorte, elle ne le supporterait bientôt plus.
« - Sam... laisse-moi lui dire. Tu m’aimes, je t’aime, il comprendra, je connais mon père. »Le regard supplicateur de Ty ne semblait en rien toucher le grand blond. Au contraire, il semblait contrarier. Quelque chose clochait chez lui aujourd’hui, et ça Tayler l’avait remarqué dès le moment où elle était entrée dans son petit appartement. Mais ces derniers temps Samuel était toujours sur les nerfs, et Ty n’arrivait pas à savoir la raison de son état. Elle qui avait toujours été la seule capable de calmer ses colères, elle était désormais totalement démunie face à son comportement. La veille il avait frappé un mur après un coup de fil. Et la jeune femme avait eu peur, mais l’amour rend aveugle et surtout stupide. Elle s’était donc dit que tout ceci n’était que passager, et que tout irait mieux d’une fois que leur relation ne serait plus secrète.
« - Non. »La réponse du petit ami fut glaciale, ne laissant à Tayler aucune chance de riposter. Et pourtant, Tayler et son caractère bien trempé trouvèrent le moyen de revenir à la charge.
« - Samuel, si tu continues à refuser que j’avoue tout à mon père, je vais devoir soit le faire quand même, soit je devrai mettre un terme à notre relation. Je ne peux pas lui mentir de la sorte. S’il te plaît comprends-moi, il m’a élevée, je lui ai toujours tout raconté de ma vie et »La phrase resta en suspend. Le discours de Tayler ayant été stoppé d’un coup. Oui, un coup au sens propre du terme. Samuel venait de frapper la rouquine sans prévenir. Sa main s’était écrasée lourdement sur sa joue, la teintant soudainement de rouge alors qu’elle était habituellement couleur porcelaine. Stupéfaite, Ty ne sut comment réagir. Elle ne s’y attendait pas, et elle se retrouvait complètement con, à ne pouvoir ni bouger, ni parler. C’était bien la première fois qu’on arrivait à la faire taire et surtout battre en retraite! Car ne sachant que faire, la jeune femme saisit son sac à main et claque la porte derrière elle.
Cette première gifle retourna Ty qui ne s’était jamais laissée faire. Pourtant, cette fois, elle laissa passer. Elle aimait Samuel, vraiment, et malgré ce qu’elle dira, elle était fleur bleue et était persuadée que ce n’était qu’une erreur. D’ailleurs elle se persuada durant longtemps que les coups répétitifs de Samuel étaient tous des erreurs. Jusqu’au jour où son père vit l’état de son visage et compris immédiatement ce qu’il se passait. On n’entendit plus jamais parlé de Samuel. Était-il mort, ou était-il tout simplement parti, Tayler ne le lui demanda jamais, ne sachant pas quelle réponse elle aurait préféré entendre.
V. Santa Clarita, 3 mars 2011, Tayler Avalon a 23 ans Tayler éclata d’un rire cristallin dans la salle de réception, dans son immense robe de soirée en satin bordeaux. Elle était belle, même rayonnante, mais quelque chose avait changé. Elle n’était plus la belle jeune femme rousse que l’on avait connu jusqu’à lors, à présent elle était blonde. Et elle ne se comportait nullement comme d’habitude. Elle se pâmait, elle riait aux éclats aux blagues fumeuses d’hommes libidineux, et elle semblait être d’une agréable compagnie.
Oui, oui, vous ne rêvez pas il s’agissait bel et bien de Tayler, celle qui ne supportait pas les gens en temps normal, mais qui ce soir, se comportait comme une parfaite jeune femme de bonne famille. Elle se comportait sûrement comme sa mère avait dû le faire toute sa vie avant de partir avec son père. Mais ça, Ty l’ignorait. D’ailleurs ce soir, dans cette immense salle de réception il n’y avait pas de Tayler. Il y avait Avalon. Avalon était une jeune femme blonde, aux yeux verts, douce, délicate, raffinée, et d’une culture sans limite. Elle parlait plusieurs langues, s’intéressait à la politique étrangère et se passionnait pour l’art. En bref, elle était le total opposé de Tayler. Et contrairement à Ty, avec qui il fallait gagner le droit de discuter avec elle, Ava, elle, il fallait payer le droit de passer une soirée en sa compagnie. La rouquine était devenue une escort girl de luxe, après avoir eu des problèmes d’argent. Incapable de pouvoir s’en sortir avec un seul emploi elle avait été obligée de trouver une solution. Mais bien trop fière elle ne demanda jamais l’aide de son père, et ne le mit jamais au courant de sa situation financière. Il fallait qu’il reste fière d’elle, alors Avalon était désormais son plus grand secret...
« - Je m’excuse je vais me repoudrer le nez. »Ou en d’autres termes elle allait pisser pensa Tayler tandis qu’elle s’éclipsait en direction des toilettes. Une fois à l’abri des regards, elle sortir une cigarette de son sac à main et l’alluma, tirant sur ce petit bâton de la mort comme si sa vie en dépendait. Puis elle sortir son portable et composa un numéro qu’elle connaissait par cœur pour le composer régulièrement.
« - La prochaine fois que tu me refiles un job de merde comme celui-là je t’arrache les couilles et m’en fait un collier pour aller à l’église le dimanche matin.- Heureux de t’entendre Tayler, j’étais sûr qu’il te plairait. En le voyant j’ai immédiatement pensé à toi.- La prochaine fois arraches-toi les yeux avant de penser à moi alors. Je passerai prendre mon salaire demain à l’heure habituelle, alors essaie de pas crever pendant la nuit. »Raccrochant Tayler soupira avant de remplir une nouvelle fois ses poumons de fumée nauséabonde. Elle détestait ce foutu job, mais au moins elle avait de quoi manger à la fin du mois et même plus. Et puis c’était sans parler que passer par son patron lui permettait de ne pas tomber sur n’importe qui. Parce que beaucoup avait tendance à prendre les escort girls pour des putes, mais Ty, elle ne couchait jamais. Elle souriait, faisait la gentille fille, parlait lorsqu’il le fallait et son boulot s’arrêtait là. Faire la potiche était déjà assez difficile pour elle, alors si en plus elle devait écarter les cuisses, ça ferait longtemps qu’elle n’aurait plus eu d’appartement! Elle avait toujours sa fierté tout de même. Et finalement son train de vie lui plaisait plutôt bien. Même si sur le moment, retourner dans la salle de réception lui semblait être la plus chose la plus difficile à faire au monde. Mais c’est tout sourire qu’elle referma la porte derrière elle, demain sa paie l’attendait et la soirée était bientôt terminée, le calvaire était donc bientôt terminé.