«Papa, Maman, si vous voyez cette vidéo c'est sans doute que j'ai enfin eu le courage de vous l'envoyer, de vous donner de mes nouvelles. Au moment même où je fais cette vidéo, ça fait près de 4 ans qu'on ne s'est pas vu ...» *silence* «Wow, j'aurais jamais pu imaginer que ça puisse être aussi difficile, pourtant, je me suis dit qu'en parlant à une simple caméra, j'aurais plus de facilité à tout vous raconter, mais en fait je crois que c'est presque pire, ou pareil, j'en sais trop rien.
Maman sèches tes larmes, je te connais suffisamment pour savoir quelles vont être vos réactions, et Papa s'il te plait, reste jusqu'au bout ... c'est pour vous deux, cette vidéo est pour tous les deux, parce que j'ai énormément de choses à vous raconter.»C'est pas facile, pas facile du tout, vous êtes tellement loin, mais je ne me sent pas encore le courage de revenir, de me mettre réellement face à vous ... j'ai trop peur d'être jugée et puis je me dis qu'après cette vidéo si jamais vous ne me répondez pas, c'est que je vous aurais déçu. En même temps je peux le comprendre, je me suis déçue aussi, plusieurs fois même ... oui plusieurs fois.» *silence, grande inspiration prise par Calli*
«Ben voilà, on va commencer par le tout début, le pourquoi je suis partie comme ça sans rien dire ... J'en pouvais plus, j'étouffais, je voulais voir le monde. Je voulais savoir à quoi ça ressemblait en dehors de notre communauté. J'en pouvais plus d'avoir des idées préconçus plein la tête, j'avais juste besoin de voir par moi même, d'apprendre par moi même. Papa, tes sermons ils ont toujours été si noir sur le monde extérieur, et toi maman tu te souviens de la discussion qu'on avait eu de me mettre dans un lycée public ... Je ne vous fais aucun reproche, ça non, jamais je ne le pourrais mais juste ... j'étouffais.»*Calli se met à regarder la caméra durant quelques secondes avant de poursuivre* «Je voulais découvrir le monde par moi même, j'avais pas vraiment d'argent, je n'avais que mes idées, vos idées, et je suis partie à l'aventure. J'ai pris le bus, j'ai jeté mon téléphone portable, pris l'argent de notre pot commun et j'ai pris le bus.» *petit sourire en coin* «J'ai fait la connaissance dans ce bus qui allait m'amener au fin fond du texas d'une jeune femme avec son bébé. Elle était si jeune et pourtant, elle en avait vécue des choses ... beaucoup de choses. Elle m'a un peu raconté son parcours, comment elle venait de se faire larguer par son petit ami et comment il l'avait mis elle et leur bébé à la porte. A ce moment là, je me suis dit que je devais faire demi-tour, que la balade était terminé, que je devais réellement rentrer. Mais voilà, le plus difficile quand on a fait le choix de partir, c'est de revenir. Il y aurait une multitude de raisons qui vous poussent à changer d'avis, mais au final, aucune est suffisante, non aucune. J'ai continué, je suis resté dans ce bus, je suis resté à discuter avec cette femme et je me suis enfoncée ...»
«J'ai atterri à Houston, au Texas et là à 17 ans, c'est pas facile de réussir à trouver un job, mais j'ai tout de même pu trouver un petit quelque chose. Je bossais comme serveuse dans un bar, c'était pas quelque chose de très gratifiant, c'était un bar miteux où en fait pour vous dire la vérité, il y avait des filles qui "dansaient" ...» *petit raclement de gorge* «Je logeais dans le bar lui même, le patron m'avait laissé l'accès à une petite chambre de bonne, un truc tout petit, mais avec le peu d'argent que je me faisais j'avais réussi à la décorer à ma façon.» *Silence une fois de plus, Calli regarde vers la fenêtre avant de reporter son regard vers la caméra. On peut alors constater que ses yeux sont embués* «Ce que je m'apprête à vous dire maintenant est difficile, vraiment. Je ne suis pas fière de ce que j'ai pu faire, mais d'un autre côté, j'avais pas le choix. Ça faisait maintenant plusieurs mois que je travaillais derrière le bar, et le patron -Roy- trouvait que je m'en sortais plutôt bien, il m'a convoqué dans son bureau et il m'a proposé une meilleure place, avec plus d'argent à la clé. J'avais 18 ans, j'étais paumée, je ne connaissais quasi personne hormis les filles et les gars qui travaillaient avec moi et qui étaient devenus ma seconde famille. J'avais besoin de cet argent et j'ai naïvement accepté. » *petit raclement de gorge* « En fait au début, durant les premiers mois j'ai du être "formé" en quelque sorte, on m'a appris un peu comment faire pour aguicher les hommes, danser, me dévêtir un peu, en dire un peu pour susciter de l'intérêt mais pas trop pour ne pas que l'on puisse connaitre mon histoire, savoir qui j'étais réellement. On m'a même proposé de ne pas donner mon réel prénom, j'ai donc décidé de ne donner que mon second : Isis. Les clients me connaissaient sous ce nom là et à force tous mes collègues aussi. En fait, tout c'est fait de façon progressive, sans même que je m'en rende compte. En fait, Roy était un peu comme mon ange gardien, du moins je le pensais. Un autre soir il m'a convoqué dans son bureau, sans faisait environ un an que j'étais "danseuse", que je donnais du plaisir pour les yeux et il m'a proposé une fois de plus de me faire de l'argent. Il m'a même proposé de troquer ma petite chambre de bonne contre une chambre d'hôtel luxueuse, comment pouvais je refuser ? Lui qui m'avait offert ce travail ... » *On put alors apercevoir une larme couler sur la joue de la blondinette* « Là encore, j'aurais du refuser, je ne savais pas dans quoi je m'engageais, que ma vie allait devenir un véritable enfer. La première nuit que j'ai passé dans cette chambre d'hôtel, c'était juste magnifique, j'avais l'impression d'être une véritable princesse, il me suffisait d'appeler le room service pour qu'on me serve tout ce que je voulais. Oui une princesse ... Le truc étant que, dès la seconde nuit, Roy et un "ami" à lui sont passés me voir après mes heures de boulots, et là j'ai compris en quoi consistait ma promotion. Durant des mois j'ai vu des hommes plus ou moins âgés défilés dans ma chambre. Je leur offrais ce qu'ils attendaient de moi et en échange j'avais de l'argent, beaucoup d'argent. Quand je me regardais dans le miroir, je ne me reconnaissais plus et je m'écoeurais, comment avais je pu tomber si bas ? Comment pouvais je me prostituer ? » *Calli prit une grande inspiration puis continua, sa voix était de moins en moins rassurée, c'était vraiment difficile pour elle d'avouer tout ça*« Vous devez sans doute vous demander comment ça se fait que je ne me suis pas enfuie ? La réponse est simple, je ne le pouvais pas. Autant Roy pouvait se comporter comme un ange avec moi, un véritable protecteur, autant dès que j'abordais le fait que j'allais partir et bien ... il avait sa façon à lui de me faire taire. La première fois, je me suis dit que c'était une erreur, que la gifle était partie sans le vouloir, qu'il était à bout de nerf, mais au fur et à mesure j'ai compris dans quel cercle infernal je m'étais engagé ... bêtement. Au fur et à mesure, je ne ressentais plus rien, plus rien n'avait d'importance, je faisais mon "travail" comme une véritable machine, jamais je n'ai ressentie de plaisir avec ces hommes et puis un jour je crois que j'ai eu de la chance, beaucoup de chance. Le client que j'attendais dans ma suite était en réalité un agent du FBI qui était infiltré. Il était parvenu à avoir la confiance de Roy. Vous avez du le voir aux infos, il y a quelques mois de ça, un proxénète au Texas a été jugé et mis en prison. C'était lui.» *Calli fait un petit sourire à la caméra* « Voilà, ça va faire maintenant deux mois que j'ai quitté le Texas pour la Californie et je me suis trouvé un emploi de serveuse dans un bar et ma patronne est une princesse et je sais qu'elle ne me fera aucun mal. J'habite dans un petit appartement dans une résidence, et j'ai une vie saine et normale. Je n'ai pas d'hommes dans ma vie, à vrai dire, je ne sais pas si un jour je pourrais en avoir un, je me vois mal m'attacher à quelqu'un et devoir tout lui raconter. Et puis, qui voudrait être en couple avec une ancienne prostituée ... Bref voilà, vous savez tout des quatre dernières années qui ce sont écoulés et ... je vous aime.»

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